projet "Placi"

Placi (le terrain, en langue manouche).

Les Gens du voyage sont rarement considérés comme des « habitants » alors qu’ils sont présents sur des territoires depuis de générations. Pour certaines familles cette présence existe par la propriété de terrains, pour d’autres elle se vit sur une aire d’accueil. L’aire d’accueil d’Orléans la Source a été construite à la périphérie de ce nouveau quartier et a été inaugurée en 1979. Notre association y intervient depuis cette date dans le cadre d'actions du Centre Social.

La majorité des familles qui stationnent sur l’aire d’accueil est régulièrement présente depuis des dizaines d’années et fréquente le Centre Social. On peut distinguer une dizaine de familles, manouches, qui constitue les groupes familiaux ancrés sur l’aire (plus de 300 personnes). Cela apporte une connaissance et une reconnaissance mutuelle (l’association connait les grands-parents, les parents et les enfants d’aujourd’hui). La qualité de relation entre l’équipe et les habitants est ainsi un capital rare qui permet d’avancer ensemble dans les projets. C’est justement cette relation qui pousse l’entité Centre Social (habitants, jeunes, adultes, seniors, salariés et bénévoles) à transmettre ce vécu commun, cet ancrage dans le temps dans ce lieu si singulier (l’aire d’accueil) accroché à un quartier tout aussi singulier.

Il ressort des discussions entre les animateurs, les travailleurs sociaux, la direction et les familles, un manque de travail de mémoire sur l’histoire du terrain. En effet seuls deux reportages extérieurs ont été produits dans les années 90 puis 2000, mais sans réellement tenir compte ou mesurer de l’impact que pouvait avoir l’existence et la fonction du Terrain sur la vie et la mémoire des voyageurs.

Nous avons sollicité le photographe Malik Nejmi, (qui a ouvert un studio photo sur la mémoire de la Source par ailleur, le "Mondaneum studio La Source"), originaire du quartier, pour ce projet. Il a déjà collaboré avec l'ADAGV lors de divers ateliers photographiques et aussi commencer à documenter la communauté manouche en mouvement lors de son passage à Gien ou à l’île Charlemagne (documents de l’artiste, 2007-2010).

Malik et Louise Bras, collaboratrice sur ce projet, travaillent avec et dans le comité d’animation de l’ADAGV afin de programmer leurs temps de présences sur les réunions du comité et dans le cadre d’ateliers liés au projet. L’intégration de l’artiste au sein de cette instance va permettre la co-construction du projet avec les familles. L’artiste sera présent 12 semaines sur la saison 2023/2024, à raison d’une semaine par mois. Cette présence chronique sera la base du projet, favorisant la reconnaissance mutuelle et l’expression artistique. Malik prendra part à la vie du Centre Social dans toutes ses actions collectives (ALHS, actions familles, manifestations festives, espace jeunes, ateliers…).