La rencontre des populations « voyageurs » est l’expérience de la différence et de la diversité. Le terme le plus admis comme étant représentatif est « Gens du Voyage » car c’est le mode de vie qui rassemble le plus cette population.
Elle est composée de différents groupes, de différentes cultures, de différentes langues et religions qui empêchent de dégager une homogénéité. On peut différencier des groupes ayant une origine commune (les tsiganes : Roms, Manouches et Gitans) ainsi qu’un rapport à l’itinérance ancien (VIIIe siècle) et d’autres qui sont devenus itinérants en réaction à des situations politiques et sociales plus récentes (IX et XXe siècle).
La recherche actuelle en linguistique propose une origine des tsiganes. Environ 300 ans avant J.C, ils étaient établis en groupes semi-nomades au nord de l’Inde. Au début du VIIIème siècle, ils commencent leur exode. En passant par la Perse, l’Empire byzantin jusqu’en Europe Centrale, plusieurs groupes tsiganes se sont détachés et ont connu des migrations différentes.
Aujourd’hui, 3 grands groupes peuvent être identifiés :
- Le groupe Sinto-Manouche a connu une migration qui l’a mené vers le nord de l’Europe (les régions germaniques, le nord de l’Italie). Ils sont arrivés en France dès le XVIème siècle. Ils parlent le manouche ou le sinto pour ceux qui sont passés par l’Italie. Ce groupe est le plus représenté dans le Loiret.
- Le groupe des Gitans est très implanté en Espagne, au Portugal et dans le sud de la France, ils ont migré par le Nord de l’Afrique. Leur langue est le Kalo.
- Le 3ème groupe est celui des Roms. Ils sont très présents dans les pays de l’Europe de l’Est. Ils parlent le romanès. Les premières arrivées en France datent du XIX siècle et plus récemment à partir des années 60. Aujourd’hui, de nombreuses familles Roms affluent vers la France, conséquence des politiques répressives de pays comme la Roumanie ou la Hongrie.
Il est important de noter qu’à l’intérieur de ces 3 grands groupes existent des sous-groupes :
- Sinté-manouche : Les Sinté (Italie), les Galshkné (Allemagne), les Valshtiké (France)
- Rom : Les Kalderascha (Chaudronniers), les Lovaré (maquignons), les Tchourara (les fabricants de Tamin)
- Gitans : Gitans Catalans ou Andalous.
Les Gens du Voyage ne sont pas que des Tsiganes. Il existe d’autres groupes qui n’ont pas d’origine ethnique commune aux tsiganes. En France, des familles d’origine allemande circulent (Yenishes) tout comme des familles de souches Françaises. Paradoxalement, les Gens du Voyage ne sont pas tous itinérants. En effet, les conceptions du voyage sont variées, entre itinérants, semi-sédentaires ou sédentarisés.
Le voyage reste néanmoins fondamental pour tous et représente un dynamisme et un équilibre lorsqu’il peut perdurer. Les difficultés liées au nomadisme amènent de nombreuses familles à la sédentarisation. Toutefois, ils ne l’abordent pas d’un point de vue sédentaire car les repères spatio-temporels sont différents. Ainsi les familles se dirigent vers un habitat adapté conciliant la fixation à leurs propres repères.
L’achat d’un terrain ne signifie pas la perte de l’identité tsigane mais témoigne d’une réorganisation du voyage. Le plus souvent, les familles pratiquent une semi-itinérance et alternent la fixation pendant les mois d’hiver et l’itinérance le reste de l’année.
La volonté de certains voyageurs de trouver un terrain privé est toutefois freinée par de nombreux obstacles : l’accès aux crédits, l’achat d’un terrain, la réticence des sédentaires à voir s’installer des voyageurs dans leurs communes…
Pour pouvoir concilier le voyage à une activité professionnelle, il est nécessaire de réunir trois caractéristiques : la mobilité, l’indépendance et la polyvalence.
Le statut d’entrepreneur indépendant est souvent de mise car l’itinérance rend difficile le statut de salarié.
La polyvalence des activités permet aux familles de pouvoir voyager. Ces activités sont différentes selon les saisons ou les opportunités, et plusieurs métiers sont donc pratiqués : le ferraillage, les vendanges, la peinture, l’élagage, le ravalement de façades, la vente sur les marchés, ou des métiers plus traditionnels (l’osier).
Les conditions d’exercice des métiers sont de plus en plus difficiles.
Nous pouvons constater la diversité que présente la population du voyage. Diversité dans le nombre de groupes différents qui constituent l’ensemble des Gens du Voyage, dans les variations des modes de vie entre les grands voyageurs et ceux qui voyagent peu ainsi que dans les différentes activités économiques pratiquées. Il ressort l’existence d’une territorialité dans le mode de vie des voyageurs : l’itinérance qu’elle soit plus ou moins étendue respecte une certaine logique comprenant notamment un sentiment d’appartenance à une région.